Témoignage de Mélanie : RGO bébé

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est très fréquent chez le nouveau-né et généralement bénin. Cependant, les régurgitations et les pleurs peuvent être très éprouvants pour un bébé, tout comme pour ses parents souvent démunis. Mélanie nous parle dans cet article du RGO de sa fille et de sa solitude face au manque d’écoute de son pédiatre.

RGO bébé

« Je m’appelle Mélanie, j’ai 26 ans, et après un rude parcours PMA, je suis devenue la maman d’une merveilleuse petite fille qui nous a rejoint le 5 février 2021. Nous sommes restées cinq jours à la maternité. Un séjour plus long que la moyenne, mais tout de même assez court pour mon bébé, né à terme avec un petit poids (42cm et 2,3kg). 

Les premiers instants à la maison furent difficiles.

Trouver son organisation n’est jamais simple pour des jeunes parents. Mais voilà, je me rends compte assez rapidement que ma petite fille souffre. Les repas sont des moments tendus où elle s’énerve vite. Elle pleure souvent pendant qu’elle boit. Mon allaitement est compliqué, je n’arrive pas à nourrir correctement ma fille. Je décide de stopper l’allaitement exclusif et de commencer l’allaitement mixte. Je me sens mieux ainsi.

Rien n’y fait. Allaitement au sein, lait maternel au biberon ou lait maternisé, je sens qu’elle n’est pas bien. Je la vois souvent mâchonner, qu’elle soit éveillée ou endormie. Elle s’étouffe souvent.,tousse, éternue… Elle se racle la gorge sans cesse. Les jours passent et elle ne supporte plus la position allongée. Nous dormons en positon semi assise avec bébé dans les bras. Tous les jours. Je décide de prendre un rdv en urgence chez le pédiatre pour lui parler de tout cela.

Je suspecte un RGO pathologique chez ma petite fille.

Je suis étudiante en médecine, et j’ai déjà vu ça dans mes cours et à l’hôpital. Mais je ne souhaite pas soigner mon bébé seule, je veux absolument l’avis d’un professionnel.

Mon bébé a un peu plus de 2 semaines, nous entrons dans le cabinet du pédiatre et je commence « Bonjour Docteur, je viens vous voir pour vous demander votre avis. Je pense que mon bébé souffre d’un RGO car… » il me coupe instantanément en riant « Non. ». Je suis choquée. Je suis sans voix. Puis il continue « les bébés régurgitent, c’est normal maman, il ne faut pas s’inquiéter à tout va ». Je commence à énumérer les symptômes que j’ai relevé et au bout du deuxième, il rit de plus belle « mais non oh là là, c’est rien du tout ça, les bébés ont un système digestif immature c’est normal tout ça. Allez, déshabillez là on va la peser ».

Je m’exécute. Un peu choquée quand même.

Je déshabille ma fille, elle pleure. Oui comme tous les bébés elle n’aime pas être manipulée et déshabillée sur une table froide d’examen. Le pédiatre prend mon bébé, l’observe puis la pèse « eh bah voilà ! Elle n’a pas maigri. Donc pas de RGO. Si elle en avait elle ne mangerait plus du tout et aurait maigri. Vous reviendrez à ce moment là ».

Je suis ébahie par ces propos. Je ne dis rien et reste là, hébétée, regardant mon bébé hurler dans les bras du médecin. Il l’a reposée sur la table d’examen et me demande de la rhabiller puis me dit « vous n’avez pas l’air convaincue ? » je réponds que non, je ne le suis pas, que je vois bien qu’elle souffre au quotidien et… il me coupe à nouveau « mais non regardez, là elle pleure parce qu’elle n’est pas contente, elle est toute nue on l’a embêtée. Ce n’est pas parce qu’elle a des reflux voyons ! ». Je rétorque immédiatement « non mais là, je sais, mais.. » il me coupe, encore, « vous êtes trop fatiguée et trop stressée maman. Vous êtes toute pâle là. Prenez du fer et reposez vous. C’est le stress et la fatigue qui vous font penser ça. Vous interprétez mal les pleurs de votre bébé. »

À ce moment là, je crois que j’ai envie de pleurer.

Mais je garde mon calme et je rhabille ma fille le plus vite possible car je vois qu’elle n’est pas bien ainsi. Je retiens mes larmes quand tout à coup il me dit « vous voyez là elle pleure et vous ne lui parlez même pas pour la rassurer la pauvre. Quand elle pleure comme ça, évitez de lui coller un biberon dans la bouche et adressez-vous à elle, prenez du temps pour elle, et vous verrez qu’elle sera mieux ».

Je me sens très mal. Ce médecin vient clairement de me dire que je suis une mauvaise mère. C’est comme ça que je le comprends. Je n’ose plus rien dire. Je mets ma fille dans son cosy, je donne ma carte vitale et après encaissement il me dit « prenez du lait AR si ça peut vous faire plaisir ».

Je sors du cabinet. Je me sens nulle. Dépitée. Je suis une mauvaise maman, je ne comprends pas ma fille et je lui invente des symptômes et des pathologies…

J’ai pris un lait AR, rien n’a changé.

Toujours les mêmes symptômes. Des vomissements en jet se sont ajoutés à ceux déjà présents. Des vomissements tous les jours, puis à chaque biberon. Mais je n’osais en parler à personne de peur qu’on se moque encore de moi. J’étais vide de sentiment. Je détestais ma vie. Je me détestais. La dépression post-partum a profité de ce moment de faiblesse pour se glisser en moi.

Je suis suivie par une psychiatre et mise sous traitement pour mes troubles anxieux et pour la dépression.

Les jours passent, je commence à me sentir mieux et à reprendre confiance en moi. Mon bébé souffre toujours malheureusement.

Jusqu’à ce soir-là où mon bébé, pendant le biberon, a jeté sa tête en arrière et s’est mise à hurler de toutes ses forces. Elle était très mal, en véritable souffrance. Dès que je lui proposais à nouveau le biberon, elle le prenait avec plaisir et au bout de 2 succions, c’était reparti : tête en arrière, hurlements.

À cet instant précis, j’ai compris.

J’ai compris que je n’avais pas tort. Que j’avais raison depuis le début. Et cette fois, je n’allais écouter que moi. J’ai décidé de soigner ma fille toute seule en mettant en place un traitement, complété par un lait pour les bébés APLV.

Elle n’a pas encore deux mois, elle est toute petite et prend déjà pas mal de médicaments. Des médicaments que JE lui ai instauré. Je n’aurais jamais cru en arriver là, je me l’étais interdit. Mais là, j’étais démunie et je n’en pouvais plus de voir mon bébé souffrir. 

Au bout de quelques jours.. miracle. Je découvre un autre bébé. Un bébé apaisé, épanoui, qui prend plaisir à manger, qui ne pleure plus, qui s’éveille, qui sourit de plus en plus et qui apprécie être couchée sur le dos. Un vrai bonheur. 

Je décide de parler de ces instaurations médicamenteuses lors du rdv des deux mois à mon médecin traitant qui suit désormais mon bébé. Il a validé tout ce que j’avais fait et a pris le relais en terme de gestion des doses médicamenteuses, et du suivi du RGO de ma fille.

Attention, l‘automédication est déconseillée chez les enfants. N’hésitez pas à changer de pédiatre si vous ne vous sentez pas écouté(e).

Elle a aujourd’hui 3 mois, et le RGO, c’est presque derrière nous !

On a commencé une réintroduction en douceur des protéines de lait de vache, nous baissons aussi ses doses de médicament et pour le moment ça se passe très bien.

Merci beaucoup de m’avoir lu, merci de m’avoir donné la parole. Je ne souhaite blâmer aucun médecin ni aucun parent, je veux juste apporter mon témoignage, parce qu’il en aidera peut être certains. J’ai pu agir seule parce que je possède les connaissances médicales adéquates, mais je ne conseille à personne de faire comme moi. Parlez en, changez de médecin si vous n’êtes pas écouté, ne faites pas comme moi : ce n’est pas vous le mauvais parent, c’est peut être le médecin qui est mauvais dans certains cas. »

Vous vous reconnaissez dans le témoignage de Mélanie ? Dans ce cas, ne restez pas seul(e) et tournez-vous vers des professionnels qui font preuve d’écoute et de bienveillance. Si vous avez besoin d’être accompagné(e) sur cette problématique, je vous propose un accompagnement en ligne sur le RGO. Dans cet atelier, vous découvrirez 14 vidéos qui vous permettront de comprendre le RG0 afin d’accompagner au mieux votre enfant et de le soulager.

Article publié le 1er février

Crédit photo : pexels.com/ © Kristina Paukshtite

2 réflexions sur “Témoignage de Mélanie : RGO bébé”

  1. Je reconnais bien ce sentiment de solitude et de non-écoute de certains professionnels face à des souffrances plus qu’évidentes. J’ai aussi vécu les hurlements sans qu’aucun médecin ne veuillent les entendre.
    Merci pour ce témoignage et de montrer aux autres qu’il est important de préserver. NOUS SAVONS ! Nous, maman et papa, connaissons nos bébés….
    Aujourd’hui mon fils a 8 mois. Il est toujours sous traitement. Nous essayons régulièrement de les diminuer, sans succès pour le moment. J’ai malheureusement souffert d’un RGO pathologique jusqu’à mes 9 ans, diagnostiqué seulement à mes 2 ans et demi.
    Patience, courage mais surtout plein d’amour pour surmonter tout ça !

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